Cet ancien monastère, dédié aux saints Pierre et Paul, avait une église placée sous le vocable des saints Victor et Corona, martyrs en Syrie. En 817, Louis le Pieux donna ce lieu à l’abbaye de Sorèze (Tarn), qui y établit un prieuré à une date indéterminée au IXe siècle. En 864, Sorèze fut détruite lors d’une invasion normande et, afin de financer sa reconstruction, elle vendit en 904 le site de Saramon à Garcia Sanche, comte d’Astarac.
À l’époque de cette vente, le prieuré est mentionné sous le nom de Cella Modulphi, probablement d’après le nom de son prieur. Le passage du statut de prieuré à celui d’abbaye aurait eu lieu vers 1025, sous l’épiscopat d’Odon, issu de la famille comtale d’Astarac, ancien moine de Notre-Dame de Simorre (Gers) devenu archevêque d’Auch. Toutefois, l’abbaye de Sorèze continua d’exercer son influence sur cette maison. Entre le XIIe et le XIVe siècle, la ville nouvelle de Saramon se développa à proximité. Des documents attestent que le cloître fut reconstruit en 1315, mais après la Révolution, il fut démantelé et dispersé. Dans les dernières années de son existence, la communauté monastique et l’abbaye elle-même étaient en plein déclin, et en 1777, sa dissolution fut décrétée, bien qu’à l’époque révolutionnaire, elle comptât encore quelques moines.
L’église actuelle résulte de modifications apportées à un édifice du XIe siècle, qui en ont modifié l’aspect. On y remarque notamment la tour dite de Saint-Victor, adossée à l’abside centrale, où des chapiteaux et d’autres éléments architecturaux anciens ont été mis au jour ces dernières années. Malgré son allure défensive, cette tour était à l’origine une chapelle dédiée au saint titulaire. Malheureusement, en 2023, cette construction s’est effondrée, la réduisant à l’état de ruine et affectant également l’abside de l’église.
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