Abbaye Saint-Pierre de Cellefrouin
Saint-Nicolas de Cellefrouin / Cella Fruini
(Cellefrouin, Charente)
Cette communauté canoniale fut fondée entre 1012 et 1037 —probablement vers 1025— par Arnaud de Vitabre, membre de la famille Taillefer et évêque de Périgueux, avec la participation d’un notable local nommé Fruinus, dont le nom aurait donné celui de Cellefrouin. À ses débuts, la maison bénéficia de la protection des Taillefer, comtes d’Angoulême jusqu’au milieu du XIIIᵉ siècle.
À une date indéterminée, vers 1096, Jordan V de Chabanais et son épouse Amélie donnèrent Cellefrouin à l’abbaye bénédictine de Saint-Sauveur de Charroux (Vienne), donation confirmée en 1101 par le pape Pascal II. Cette dépendance fut cependant de courte durée : entre 1110 et 1120, Cellefrouin était déjà devenue indépendante. Elle est alors connue comme une communauté de chanoines augustins. Jusque-là, on sait seulement qu’il s’agissait d’un monastère ou d’une maison de chanoines, sans preuve qu’elle ait suivi la règle de saint Benoît durant sa dépendance à Charroux.
Bien que modeste, cette communauté finit par accumuler un patrimoine important, comprenant divers biens et églises qui en dépendaient. L’église canoniale elle-même remplissait une double fonction monastique et paroissiale, sous le vocable de Saint-Nicolas. Comme d’autres établissements de la région, elle souffrit de la guerre de Cent Ans puis, surtout, des guerres de Religion au XVIᵉ siècle, qui la laissèrent en ruine. L’abbaye ne fut jamais totalement reconstruite, mais subsista jusqu’à la fin du XVIIIᵉ siècle, bien que son activité fût alors très réduite.
L’église est le seul élément encore visible de cette abbaye. Malgré les dommages et les transformations subis au fil du temps, elle conserve sa structure romane : un édifice à trois nefs, divisées en quatre travées, avec un large transept —peu saillant— qui donne accès à un chevet composé d’une abside centrale et de deux absidioles latérales ouvertes sur les bras du transept.
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