Les détails concernant la fondation de l’abbaye de Notre-Dame de la Réau sont incertains. Le premier document lié à ce monastère, qui ne le mentionne pas directement, est une donation faite à un prieuré dépendant de La Réau, datée de 1208. En 1219, le pape Honorius III émit une bulle plaçant cette maison sous sa protection et confirmant ses biens ; il y mentionnait également une concession d’Henri II d’Angleterre (1133-1189), ce qui situe la fondation avant 1189.
Il est probable que l’abbaye ait été fondée par le roi Henri II et son épouse Aliénor d’Aquitaine (1122-1204), peut-être dans la seconde moitié du XIIe siècle. Elle devint rapidement une maison prospère qui, dès 1219, possédait plusieurs prieurés dépendants. Cette période de stabilité dura jusqu’au milieu du XIVe siècle, lorsque la guerre de Cent Ans toucha la région. L’abbaye fut fortifiée, mais en 1372 elle fut occupée, pillée et incendiée. L’établissement fut laissé en ruines, avec une communauté réduite et peu de ressources en raison de la perte ou de la détérioration de ses revenus.
Cependant, les chanoines augustins purent restaurer ou reconstruire les bâtiments monastiques et les fortifications durant le dernier quart du XIVe siècle. En 1378, ils fondèrent même le prieuré de Saint-Germain de Benais (Indre-et-Loire). Le dernier abbé régulier mourut en 1519, et La Réau passa alors sous le régime des abbés commendataires. Au milieu du XVIe siècle, la maison subit l’influence du calvinisme, mais ne souffrit pas directement des guerres de Religion, si ce n’est par l’instabilité et les difficultés touchant toute la région.
Une visite de l’abbaye en 1636 la décrivait comme un établissement en déclin, avec une communauté très réduite et de nombreuses carences. En 1652, le chapitre fut réformé et intégré à la congrégation de Sainte-Geneviève, qui le dirigea jusqu’à sa disparition à la Révolution. Pendant cette période, des travaux de restauration furent entrepris sur des bâtiments dégradés par une longue période de décadence. En 1790, le chapitre fut supprimé et la communauté dissoute. En 1791, ses biens furent vendus ; après être passés entre plusieurs mains, l’ensemble tomba en ruine.
Parmi les vestiges du monastère, l’église se distingue. Aujourd’hui en ruines, elle est encore en grande partie conservée. Son orientation est singulière, avec le chevet tourné sensiblement vers le sud. Elle possédait une nef unique avec transept, et le chevet présente un plan rectangulaire. Les bras du transept ont disparu. Sa construction remonte au XIIe siècle. L’espace du cloître est également conservé, avec d’importants bâtiments à l’est et au sud, d’origine médiévale mais fortement remaniés ; parmi eux, la salle capitulaire est remarquable. L’ensemble conserve aussi d’importants vestiges de fortifications.

Armorial général de France (s. XVIII)
Bibliothèque nationale de France
- BEAUNIER, Dom (1910). Abbayes et prieurés de l'ancienne France. Vol. 3: Auch, Bordeaux. Abbaye de Ligugé
- BROUILLET, Pierre Amédée (1865). Indicateur archéologique de l'arrondissement de Civrai : depuis l'époque anté-historique jusqu'à nos jours. Civrai: Ferriol
- DU TEMS, Hugues (1774). Le clergé de France, vol. II. París: Delalain
- EYGUN, François (1938). L’abbaye de Notre-Dame de la Réau. O. S. A. Étude historique et archéologique. Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest. Poitiers: Société Française d’Imprimerie et de Librairie
- SAINT-MAUR, Congregació de (1720). Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa. Vol. 2. París: Typographia Regia