Le monastère de Cruas aurait été fondé, ou peut-être refondé, vers l’an 804, sur un site auparavant occupé par des églises plus anciennes. Cette opération fut réalisée grâce à l’intervention d’Eribert, un seigneur local. En 817, Elpodorius, comte de Vivarais et fils du fondateur, obtint de Louis le Pieux (778-840) la protection royale pour le monastère ; à cette date est également mentionné son abbé, Bonaldus. Ce privilège — ainsi que d’autres — fut confirmé à plusieurs reprises par différents souverains au cours des années suivantes.
L’abbaye Saint-Sauveur d’Aniane (Hérault) intervint dans le processus d’expansion, à une époque où cette maison était le centre de diffusion de la réforme bénédictine impulsée par Benoît d’Aniane. En 1095, le pape Urbain II consacra l’église et, dans les années suivantes, le monastère connut une longue période de prospérité, durant laquelle il disposa d’une quarantaine de prieurés dépendants. Le passage de la guerre de Cent Ans et l’adoption du régime commendataire, en 1467, affectèrent la communauté, qui subit aussi de graves dommages durant les guerres de Religion.
En 1574, Cruas fut occupé par les protestants et le site resta abandonné pendant quelques années (1580-1628), tandis que les moines se réfugiaient dans une fortification voisine qu’ils avaient élevée comme lieu de protection. Au début du XVIIIe siècle, le monastère se trouvait en pleine décadence. En 1741, l’évêque de Viviers supprima l’abbaye, bien que la charge d’abbé commendataire fût maintenue, mais sans communauté. La Révolution mit définitivement fin au monastère, qui fut vendu en 1794. À cette période, la plus grande partie de sa documentation fut perdue, et les bâtiments étaient en ruine.
Au milieu du XIXe siècle commença la restauration de l’église. Il s’agit d’un édifice roman construit, dans ses grandes lignes, entre les XIe et XIIe siècles. Il comporte trois nefs de cinq travées et un transept doté de trois absides semicirculaires. La première travée de la nef, à l’ouest, intègre une chapelle située dans la partie supérieure. L’édifice possède également une tribune occupant les deux dernières travées de la nef et le transept, avec une église supérieure et une autre inférieure communiquant avec une crypte.
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