Parallèlement à la formation et à l’établissement du monastère cistercien de Notre-Dame d’Obazine, aux racines érémitiques, une communauté de femmes se constitua progressivement entre 1130 et 1140. À cette époque, l’ordre de Cîteaux ne reconnaissait pas encore officiellement la branche féminine, bien que des initiatives en ce sens aient vu le jour — depuis le prieuré de Jully (Yonne) jusqu’à l’abbaye féminine de Notre-Dame de Tart (Côte-d’Or), considérée comme la première maison cistercienne pour femmes.
La fondation du prieuré de Coyroux eut lieu en 1142, lorsque Étienne de Vielzot († 1159), fondateur d’Obazine, entreprit la construction de ce monastère et, en parallèle, celle de Coyroux, situé à moins d’un kilomètre au sud-est. C’est là que la communauté féminine s’établit définitivement. Dès lors, Obazine cessa d’être un monastère double, où l’on trouvait jusque-là des espaces indépendants réservés aux femmes.
Coyroux se caractérisa par l’imposition d’une clôture perpétuelle et extrêmement rigoureuse. L’assistance spirituelle et l’administration des sacrements étaient assurées par un moine d’Obazine, sans accès à l’enceinte des moniales. Dans la même église, un mur percé de petites fenêtres les séparait. Les religieuses ne disposaient pas non plus d’indépendance économique, car elles étaient soumises à l’administration de la maison-mère. Il convient de noter que la communauté féminine comptait probablement jusqu’à cent cinquante moniales, dont la subsistance dépendait entièrement de la communauté masculine.
Au fil du temps, la rigueur de la vie monastique s’adoucit, et l’on commença à admettre des femmes issues de familles aisées. La communauté ne comptait plus autant de membres et, en 1343, elle n’en regroupait qu’une vingtaine. Elle commença également à recevoir le soutien de l’évêché et obtint le contrôle de certaines paroisses. Suivant les directives du Concile de Trente, les moniales quittèrent ce lieu isolé pour s’installer à Tulle. Les ruines du monastère de Coyroux sont encore visibles, situées tout près du ruisseau qui lui a donné son nom, ce qui nécessita la construction de protections contre les crues. Le site a fait l’objet de fouilles et d’études afin de mieux comprendre son histoire architecturale.
- ALBE, Abbé (1905). Les religieuses de Coyroux, près d’Obasine (1345-1355). Bulletin de la Société scientifique historique et archéologique de la Corrèze, vol. 27
- ANDRAULT-SCHMITT, Claude (2021). La matérialisation de la subordination et de la stricte clôture à Coyroux d’Obazine: XIIe ou XIIIe siècle?. Annales du Midi, vol. 133
- BARRIÈRE, Bernadette (1977). L’abbaye cistercienne d’Obazine en Bas-Limousin. Les origines – Le patrimoine. Tulle: Conseil G. De la Corrèze
- BARRIÈRE, Bernadette (1990). Les problèmes économiques d'une communauté cistercienne double : le cas d'Obazine-Coyroux (XIIe-XVIIIe siècles). Annales du Midi, vol. 102
- BAUDRILLART, Alfred (1956). Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques. Vol. 13. París: Letouzey et Ané
- DESBORDES, Jean Michel (1982). Corrèze, Aubazine : monastère de Coyroux. Bulletin Monumental, vol. 140
- FOROT, Victor (1911). Les Bernardines de Tulle. Limoges-illustré
- ROY DE PIERREFITTE, J.-B. L. (1857-63). Études historiques sur les monastères du Limousin & de la Marche, vol. 1. Guêret: Betoulle
- VAYSSIÈRE, A. (1883). Les dames de Coyroux. Bulletin de la Société scientifique historique et archéologique de la Corrèze, vol. 5