L’abbaye de Saint-Cybard s’est établie à proximité du tombeau de saint Cybard (ou Éparque) d’Angoulême, arrivé en ce lieu vers 542 pour y mener une vie d’ermite. Il y mourut en 581. Autour de lui se rassemblèrent quelques disciples, formant une communauté cénobitique à l’origine du futur monastère. Grégoire de Tours mentionne déjà une église à cette époque, un fait confirmé par les fouilles archéologiques.
La première mention documentaire ne date cependant que de 852, dans un acte de Charles le Chauve, par lequel le roi confirme certaines possessions à l’abbaye. Dans cette première période, Saint-Cybard était occupée par une communauté de chanoines liée au diocèse d’Angoulême. En 863, lors d’un raid normand, le monastère fut détruit, mais rapidement restauré grâce au soutien des comtes d’Angoulême. À cette époque, le chroniqueur Adémar de Chabannes (v. 989–1034) fut moine à Saint-Cybard. À la fin du XIe siècle, l’abbaye fut rattachée au monastère clunisien de Saint-Jean d’Angély (Charente-Maritime) et fut reconstruite peu après.
Comme de nombreux établissements monastiques de la région, elle souffrit gravement de la guerre de Cent Ans. Dès 1448, son état de ruine est attesté. À la fin du XVe siècle, Saint-Cybard était en déclin et dirigée par des abbés commendataires. Entre 1562 et 1568, elle subit encore des dommages lors des guerres de Religion. À la fin de ce siècle, le monastère fut réorganisé : l’église, disparue, fut remplacée dans ses fonctions par l’ancien réfectoire. Toutefois, le monastère ne se releva pas et entra dans une phase de déclin prolongé, au point qu’au milieu du XVIIIe siècle, une tentative de sécularisation fut envisagée.

L'abbaye sur le Plan de la Ville et des Fauxbourgs d'Angoulesme (17e siècle)
Bibliothèque nationale de France
Malgré tout, l’abbaye conserva une certaine activité jusqu’à la Révolution. En 1791, après le départ des trois moines qui y résidaient encore, le site fut vendu et utilisé à diverses fins industrielles, notamment pour une brasserie qui y resta jusqu’en 1966. Une papeterie y fut également installée. Depuis 1989, il abrite le Centre National de la Bande Dessinée et de l’Image, ce qui a favorisé les recherches archéologiques et la préservation des rares vestiges encore en place.
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