Abbaye Saint-Jouin-de-Marnes
Ension / Ansion / S Jovinus de Marnis
(Saint-Jouin-de-Marnes, Deux-Sèvres)
L’abbaye bénédictine de Saint-Jouin-de-Marnes trouve son origine dans le monastère d’Ension qui, selon la tradition, aurait été fondé ici au milieu du IVe siècle par des disciples de l’ermite Jovinus (ou Jouin, † v. 368), réunis autour du lieu où il s’était retiré. Vers l’an 576, Martin de Vertou (VIe siècle), ancien ermite et fondateur du monastère de Vertou (près de Nantes, Loire-Atlantique), devint abbé d’Ension. Saint Achard († 687) fut également moine dans ce monastère avant de devenir abbé de Saint-Pierre de Jumièges (Seine-Maritime).
Dans la seconde moitié du VIIIe siècle, Ension subit les conséquences des troubles qui affectèrent la région, entraînant un relâchement de la discipline monastique, puis son occupation par une communauté canoniale. Au IXe siècle, les moines de Vertou, fuyant les invasions normandes, se réfugièrent à Ension, emportant avec eux les reliques de leur fondateur Martin de Vertou. Ils y instaurèrent ou restaurèrent alors la Règle de saint Benoît, en admettant qu’elle aurait déjà été introduite au VIe siècle. Cette réforme provoqua l’opposition des chanoines, qui furent contraints de l’accepter.
À partir de 876, le lieu est mentionné sous le nom de Saint-Jouin d’Ension, mais plus tard, il ne conservera que celui de Saint-Jouin. Au Xe siècle, la communauté de Vertou put regagner son site d’origine. En 1095, on entreprit la construction d’une nouvelle église abbatiale, plus vaste que l’ancienne, ce qui s’accompagna de la translation des reliques : saint Jovinus, saint Martin de Vertou et d’autres. L’église fut consacrée en 1130. Une bulle du pape Alexandre III, datée de 1179, confirmait les nombreuses possessions du monastère et le plaçait sous la protection directe du Saint-Siège, témoignant de sa prospérité.
Cette période florissante fut interrompue par la guerre de Cent Ans. Dans ce contexte, à partir de la seconde moitié du XIVe siècle, l’abbaye fut fortifiée. Après ce passage difficile, d’importants travaux furent entrepris dans la seconde moitié du XVe siècle, notamment la construction du cloître gothique. À la fin du siècle, elle passa sous le régime des abbés commendataires. Elle subit également d’autres épreuves, comme les guerres de Religion (1568-69), au cours desquelles elle fut pillée par son propre abbé et laissée en ruine.
En 1655, l’abbaye fut intégrée à la congrégation de Saint-Maur, ce qui lui donna un nouvel élan et permit un renouveau. Elle fut supprimée à la Révolution, alors qu’elle était à nouveau en déclin. Privé de communauté, le site souffrit de l’abandon.
L’église est un vaste édifice à trois nefs de dix travées, avec un transept donnant accès à un chœur formé d’un grand chevet abritant le presbytère, entouré d’un déambulatoire avec trois chapelles rayonnantes. Les bras du transept comprennent également deux absidioles. L’essentiel de la construction remonte aux XIe et XIIe siècles, mais l’ensemble a été modifié et restauré à la suite des dommages causés par les guerres. D’importants travaux de restauration furent également réalisés dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque l’église devint paroissiale. Outre l’église, il subsiste une galerie du cloître gothique et quelques bâtiments secondaires.

Détail du Plan de l'abbaye de Sainct Iouin de Marne (1699)
Louis Boudan (s. XVII)
Bibliothèque nationale de France

Monasticon Gallicanum
Bibliothèque nationale de France
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