Aucune documentation ne s’est conservée concernant les débuts de ce prieuré clunisien, mais la construction de son église romane peut être datée des XIᵉ-XIIᵉ siècles. Par ailleurs, on sait qu’en 1061 le comte Artaud IV de Forez donna le village de Rozier, ainsi que ce d’Aurec, à l’abbaye piémontaise de San Michele della Chiusa.
Cependant, Saint-Bonnet-le-Château conservait des intérêts sur ce territoire, et les droits de chevauchée et de juridiction avaient été partagés entre cet établissement et la seigneurie de Saint-Bonnet. Dans la seconde moitié du XIIIᵉ siècle, les relations entre l’abbaye de Cluny (Saône-et-Loire) et Rozier sont documentées. Plusieurs visites montrent un prieuré modeste mais généralement en bon état. La visite menée en 1281 témoigne de la bonne situation de la maison, tout en signalant des conflits persistants avec Saint-Bonnet.
Parmi les prieurs qui dirigèrent la communauté figure Pierre Bertrand de Colombier (1299-1361), fondateur du monastère de Notre-Dame de Colombier (Ardèche), mentionné à Rozier en 1357. Au XVᵉ siècle, le prieuré et le petit bourg voisin furent fortifiés. En 1493, sous le priorat de Faucon de Bouthéon, deux chapelles latérales furent ajoutées à l’église ; celle du côté sud fut financée par le prieur lui-même. La statue de la Vierge de la Pietà, toujours conservée, date également de cette époque.
Portail de l'église
À la fin du XVIᵉ siècle et au début du suivant, Rozier subit les effets des guerres de Religion : le bourg et le prieuré furent occupés par les calvinistes. Le dernier prieur, Marc-Antoine Gaiffier (1597-1630), issu de l’abbaye de Saint-Martin d’Ainay (Lyon), était fortement lié à l’Ordre des Chartreux. Il voulut transformer Rozier en monastère chartreux, mais en raison de la situation matérielle et économique précaire du lieu, il ne transmit que la seigneurie et les revenus. Ceux-ci profitèrent à la chartreuse de Lyon, qui administra l’établissement de 1630 jusqu’à la Révolution, en 1791.
L’église romane est encore en place, bien qu’elle ait été modifiée et restaurée aux XIXᵉ et XXᵉ siècles. Les anciennes dépendances priorales, édifiées au XVIᵉ siècle et remaniées à plusieurs reprises —y compris à l’époque chartreuse— ne sont conservées que partiellement. L’église, à nef unique de trois travées, présente un transept et trois absides, et possède les chapelles ajoutées à la fin du XVᵉ siècle. Sa décoration sculptée mérite d’être soulignée : les chapiteaux intérieurs et le tympan du portail figurant l’Adoration des Mages.
Tympan, avec l'Adoration des Mages
Saint Blaise, saint patron de l'église
Chien, partie d'un épisode de Job
Homme qui combat un lion. Samson ?
David
Christ bénissant
Chapiteaux de l'abside
Chapiteaux de l'abside
Vierge de Pitié
Schéma du plan de l'église
Portail du prieuré
Cour du prieuré
Détail du Armorial Revel (1450-1460)
Bibliothèque nationale de France
- BEIGBEDER, Olivier (1962). Forez-Velay roman. La nuit des temps, 15. Zodiaque
- DURAND, Vincent; i altres (1879). Étude archéologique et historique sur le prieuré de Rosiers. Recueil de mémoires et documents sur le Forez, vol. V. Société de la Diana
- LAFFONT, Pierre-Yves (2011). Rozier-Côtes-d’Aurec. L’Armorial de Guillaume Revel. Alpara
- PERROY, Édouard; i altres, ed. (1978). Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle, vol. XXIII. París: Klincksieck
Le prieuré appartient à la commune de Rozier-Côtes-d’Aurec, située à l’ouest de Saint-Étienne, dans un site éloigné des grands axes de communication