Abbaye Saint-Géraud d’Aurillac

Aureliacum / Orlhac / S Geraldi Auriliacensis

(Aurillac, Cantal)

Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac

Le monastère d’Aurillac fut fondé par Géraud (856-909), fils des comtes d’Aurillac, né en ce lieu même, où sa famille possédait le château de Saint-Étienne. En 894, Géraud se rendit à Rome où il obtint du pape Formose l’autorisation de fonder un monastère, ainsi que le privilège d’exemption, selon lequel la nouvelle maison serait placée sous l’autorité directe du Saint-Siège, sans intervention épiscopale.

Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac

À son retour en Auvergne, Géraud entreprit la construction de l’église monastique et, en 899, il obtint la protection du roi franc Charles le Simple (879-929). Le fondateur mourut en 909, et sa vie fut rédigée peu après par Odon de Cluny (v. 878-942). En 916, une première église monastique, de dimensions modestes, fut consacrée sous le vocable de saint Pierre. Le premier abbé fut Adalgaire, désigné par le fondateur lui-même, qui mourut en 909 peu avant saint Géraud. Entre 925 et 926, l’abbé fut Odon, qui, cette année-là ou peu après, se rendit à Cluny pour y assumer la charge abbatiale..

Aurillac ne fut jamais une dépendance de Cluny grâce à son privilège d’exemption, mais les liens entre les deux monastères furent étroits. En 972, une nouvelle église fut consacrée, résultat d’une reconstruction partielle de la première, où les reliques du fondateur furent placées en évidence. Il était vénéré comme saint, en raison des nombreux miracles attribués à son intercession. Vers 967, le comte Borrell II de Barcelone (927-993) visita Aurillac, où il vénéra les reliques de saint Géraud, et repartit avec le moine Gerbert d’Aurillac (†1003). Gerbert fit ses études dans divers monastères catalans et à Vic (Osona), puis, après des séjours dans d’autres centres européens, il fut élu pape en 999 sous le nom de Sylvestre II.

Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint Géraud le fondateur du monastère
Illustration tirée de Vie de S. Géraud, comte d'Aurillac
Bibliothèque nationale de France

À cette époque, Aurillac était devenu un centre religieux et politique de premier plan. Le monastère participa à la fondation d’autres maisons, telles que Saint-Pons-de-Thomières (Hérault), Chanteuges et Saint-Chaffre (Haute-Loire), Varen (Tarn-et-Garonne), Souillac (Lot) et même Santa María do Cebreiro (Lugo, Galice). Il possédait de nombreux prieurés dépendants et de vastes domaines répartis dans plusieurs régions. C’est alors que l’on mentionne une image en or de saint Géraud, fort vénérée. En 1095, le pape Urbain II, de retour du concile de Clermont, consacra de nouveau l’église monastique, après sa réforme.

La puissance de l’abbaye, qui exerçait la juridiction civile et criminelle, suscita une forte opposition de la part de la population d’Aurillac durant la seconde moitié du XIIᵉ siècle. En 1184, le monastère fut assailli et pillé, et les dommages s’étendirent à des biens situés en des lieux éloignés. En 1233, Aurillac et son abbaye furent de nouveau occupés, ce qui entraîna l’intervention du pape Grégoire IX, avec excommunications à l’appui. Malgré ces troubles, le monastère connaissait encore la prospérité à cette époque.

Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Photo de Pierre Goiffon, sur Wikimedia
Saint-Géraud d’Aurillac
Pape Sylvestre II
Illustration tirée de Romanorum Pontificum effigies (1580)
Biblioteca Valenciana

Au milieu du XIVᵉ siècle commença une période de déclin, en raison de la guerre de Cent Ans et des épidémies de peste. La situation s’aggrava encore au XVe siècle : en 1464 mourut l’abbé Hugues de la Roche, le dernier élu librement par la communauté. Dès lors, le Saint-Siège se réserva le droit de nommer des abbés commendataires en raison du désordre. L’un d’eux fut César Borgia (1493-1498). La vie monastique ne se rétablit jamais ; les scandales furent fréquents, et même les domestiques de l’abbé furent accusés d’un meurtre commis dans la ville. Finalement, l’abbaye fut sécularisée en 1561.

Aujourd’hui, il ne reste que peu de choses de cette importante abbaye bénédictine. L’église conserve certains éléments anciens, mais sa structure est en grande partie le résultat d’une restauration du XIXᵉ siècle. Dans les environs subsistent quelques bâtiments d’origine monastique, tels que l’Hôpital, une fontaine provenant du cloître et la Maison des Chanoines, construite après la sécularisation.

Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Hôtellerie rattachée à l'abbaye
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Fontaine médiévale de l'ancien cloître
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Maison des Chanoines
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Saint-Géraud d’Aurillac
Illustration tirée de Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France (1833)

Bibliographie:
  • BAUDRILLART, Alfred (1931). Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques. Vol. 5. París: Letouzey et Ané
  • BEAUNIER, Dom (1912). Abbayes et prieurés de l'ancienne France. Vol. 5: Bourges. Abbaye de Ligugé
  • BOUANGE, Frédéric (1870). Saint Géraud d'Aurillac et son illustre abbaye. Aurillac: Bonnet-Picut
  • DU TEMS, Hugues (1775). Le clergé de France, vol. III. París: Brunet
  • JOUBERT, Édouard (1981). L'abbaye bénédictine de Saint-Géraud d'Aurillac. Aurillac: I. Moderne
  • NODIER, Charles (1833). Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Auvergne. París: Didot
  • ODÓ DE CLUNY. La Vie de S. Géraud, comte d'Aurillac. Aurillac: L. Viallanes, 1715
  • SAINT-MAUR, Congregació de (1720). Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa. Vol. 2. París: Typographia Regia

Emplacement:
Vista aèria

L’ancienne abbaye Saint-Géraud se situe au centre de la ville d’Aurillac