L’abbaye d’Ahun a été fondée en 997 grâce au comte de la Marche, Boson II (988–1008), qui donna une église lui appartenant aux moines bénédictins de Saint-Pierre d’Uzerche, dans le département de la Corrèze. L’objectif était d’y établir un nouveau monastère, avec le soutien de l’évêque de Limoges.
Pendant longtemps, le monastère resta sous la tutelle d’Uzerche, jusqu’à ce qu’il gagne son autonomie au XIIIe siècle. L’église d’origine fut reconstruite peu après la fondation, et l’abbaye connut alors une période de prospérité. Elle comptait cinq prieurés dépendants et plusieurs églises paroissiales. Mais les temps devinrent plus difficiles : à la fin du XVe siècle, la guerre de Cent Ans toucha la région, et en 1591, le monastère fut presque entièrement détruit lors des guerres de Religion. Dès le XVIe siècle, il fut dirigé par des abbés commendataires, souvent plus soucieux de revenus que de spiritualité.
La communauté ne retrouva jamais vraiment son éclat d’antan. Une partie des moines s’installa dans le bourg, et l’église fut en grande partie fermée et abandonnée. En 1610, les moines réintégrèrent le monastère et relancèrent la vie communautaire, en lien avec la congrégation de Cluny. Malgré l’état dégradé des bâtiments, les espaces furent peu à peu restaurés. À la fin du XVIIe siècle, on installa de nouvelles stalles de chœur, encore visibles aujourd’hui. L’abbaye resta en activité jusqu’à la Révolution française, à la fin du XVIIIe siècle.
L’église perdit sa nef, aujourd’hui remplacée par un jardin, mais conserva le portail gothique de la façade nord-ouest. Il ne subsiste plus que le chœur et la croisée du transept, dont les bras ont également disparu. À l’intérieur, on peut admirer un très bel ensemble composé des stalles et d’une boiserie recouvrant une grande partie des murs, réalisée dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
Le chevet et les vestiges du transept avec le clocher
Stalles (XVIIe siècle)
Photo du Père Igor, sur Wikimédia
Boiserie (XVIIe siècle)
Photo du Père Igor, sur Wikimédia
Relief funéraire de Caius Flavius Alpinus
- BEAUNIER, Dom (1912). Abbayes et prieurés de l'ancienne France. Vol. 5. Bourges. Abbaye de Ligugé
- DELANNOY, Henri (1902). Liste critique des abbés de Moutier-d'Ahun. Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, vol. 8. Guéret
- DELANNOY, Henri (1903). L'abbaye du Moutier-d'Ahun. Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, vol. 9. Guéret
- MANIQUET, Christophe (2020). Moutier-d’Ahun – Église. Archéologie de la France - Informations
- ROY DE PIERREFITTE, J.-B. L. (1857-63). Études historiques sur les monastères du Limousin & de la Marche, vol. 1. Guêret: Betoulle
- SAINT-MAUR, Congregació de (1720). Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa. Vol. 2. París: Typographia Regia
Moutier-d’Ahun est situé au sud-est de Guéret