Couvent des Cordeliers de Charlieu
S Francisci Cariloci / Franciscains de Charlieu
(Saint-Nizier-sous-Charlieu, Loire)
À une date imprécise, le pape Alexandre IV (1254-1261) autorisa les franciscains à fonder un couvent à Charlieu, où les clunisiens du prieuré de Saint-Fortunat exerçaient déjà une influence considérable. Les bénédictins s’opposèrent fermement à l’arrivée des frères mineurs et menèrent une résistance active. Le conflit entre les deux communautés entraîna l’excommunication des représentants bénédictins, ainsi que des décisions successives tant favorables que défavorables au nouvel établissement.
Entre-temps, les frères mineurs s’installèrent provisoirement à Avaize, un lieu isolé à l’est de Charlieu, ce qui compromettait leur activité pastorale, nécessitant la proximité de la population. Ce n’est qu’en 1280 qu’un accord fut conclu entre les deux institutions, permettant aux franciscains de s’établir définitivement dans la paroisse voisine de Saint-Nizier-sous-Charlieu. On a indiqué que le promoteur matériel de ce projet fut Jean Mareschal, ce qui expliquerait qu’à la fin du siècle le nouveau couvent fût déjà achevé. Les informations concernant cette maison sont rares ; on pense qu’en 1362 elle fut presque entièrement détruite pendant la guerre de Cent Ans, n’ayant pu être défendue en raison de son éloignement des fortifications de la ville.
La reconstruction commença peu après. Bien que l’on manque de données précises, le couvent était déjà relevé à la fin du XIVᵉ siècle grâce au soutien économique, entre autres, d’Hugues de Châtelus —seigneur de Châteaumorand (†1409)—, dont la contribution fut décisive pour les structures encore conservées. En 1562, le couvent souffrit à nouveau durant les guerres de Religion : les archives, déjà touchées en 1362, brûlèrent une seconde fois. Par ailleurs, cette maison échappa à la réforme observante et demeura conventuelle jusqu’à la Révolution (1792), époque où elle se trouvait en plein déclin et proche de disparaître.
De manière exceptionnelle, d’importants éléments du complexe ont été conservés. En 1911, à la dernière minute, on parvint à éviter la démolition du cloître —déjà vendu—, qui subsiste encore aujourd’hui. L’église, à nef unique, a également été préservée ; elle présente la structure caractéristique des églises médiévales des ordres mendiants, avec une charpente en bois et des murs conservant des traces de décor peint. On y trouve aussi le tombeau d’Hugues de Châtelus et de son épouse, Guillemette de Sennecey, mécènes ayant participé à la reconstruction du couvent au XVe siècle.
- ARBAT, Dr. (1911). Le monastère des Cordeliers de Charlieu. Bulletin de la Diana. Montbrison
- DESEVELINGES, J.-B. (1856). Histoire de la ville de Charlieu : depuis son origine jusqu'en 1789. Roanne: Durand
- DURAND, Vincent (1892). Abrégé de l'histoire de Charlieu. Montbrison: Brassart
- JACQUES, Joseph (1912). Excursion archéologique de la Société de la Diana à Charlieu, les Cordeliers. Bulletin de la Diana. Montbrison
- JEANNEZ, Édouard (1884). Le couvent des Cordeliers de Charlieu. Le Roannais illustré. Roanne
- LEMAÎTRE, Henry (1927). Géographie historique des établissements de l'ordre de Saint François en Bourgogne du XIII au XIX siècle. Revue d’histoire franciscaine. Vol. IV. París: Vrin














