En 891, l’archevêque de Lyon donna le site de Pommiers à l’abbaye de Saint-Pierre de Nantua (Ain). Il s’agit d’un lieu ancien déjà occupé à l’époque romaine, alors mentionné comme une « cella ». L’évêché avait acquis la possession de ce petit monastère en 878, ce qui suggère une origine remontant aux VIIIe-IXe siècles. Cette première église était probablement celle de Saint-Julien, édifiée au IXe siècle et devenue par la suite paroissiale.
Avec l’établissement du prieuré bénédictin dépendant de Nantua, une nouvelle église fut construite à côté, dédiée aux saints Pierre et Paul. En 959, l’abbaye de Nantua fut intégrée à Cluny (Saône-et-Loire), entraînant l’incorporation de Pommiers dans ce puissant réseau monastique. Bien qu’en 1109 Nantua ait perdu le statut d’abbaye pour devenir prieuré, Pommiers demeura l’un de ses prieurés. Malgré quelques périodes de déclin, il connut une longue phase de prospérité.
L’insécurité liée à la guerre de Cent Ans rendit nécessaire la fortification du prieuré et du bourg voisin par une enceinte circulaire. Aux XVe et début du XVIe siècles, d’importantes transformations architecturales furent réalisées, notamment la construction du cloître, dont les travaux atteignirent également des bâtiments attenants. Par ailleurs, vers le milieu du XVe siècle fut instauré le régime commendataire, et des membres de la famille Rostaing exercèrent la fonction de prieur commendataire pendant plus d’un siècle.
Le prieuré souffrit aussi des guerres de Religion, nécessitant de nouvelles restaurations. On entreprit également des réformes internes pour renforcer l’observance monastique. C’est également à cette époque qu’apparut et se développa le culte de sainte Prève, présentée comme une martyre et traditionnellement —mais sans fondement historique— rattachée aux origines du prieuré.
La Révolution mit fin à la vie monastique : en 1792, les moines durent quitter les lieux. En 1805, l’ancienne église paroissiale Saint-Julien recouvra le culte, bien qu’en mauvais état. En 1821, les services paroissiaux furent transférés à l’église priorale Saint-Pierre. Les bâtiments furent alors partagés entre propriétés publiques et privées, avec des usages divers. Finalement, en 1990, la partie privée fut cédée au Conseil général de la Loire.
Le complexe architectural est d’une grande richesse, fruit de nombreuses transformations. L’église, à trois nefs et cinq travées, remonte aux XIe-XIIe siècles. Elle possède un transept à trois absides en hémicycle, même si l’abside centrale est de plan trapézoïdal à l’extérieur. L’absidiole nord conserve des peintures murales, probablement du XVe siècle. Ce chevet constituerait la partie la plus ancienne, du XIe siècle. Au sud se déploie le cloître (XVIIIe siècle) avec ses bâtiments conventuels, tandis qu’à l’ouest s’ouvre une cour près de la résidence priorale. Sur le côté sud du complexe se dressent quatre tours défensives, dont trois furent édifiées au XIVe siècle lors de la fortification du site.
Décoration murale de l'abside nord (XVe siècle ?)
Décoration murale de l'abside nord (XVe siècle ?)
Charpente en bois
- BUENNER, Denys (1947). Pommiers-en-Forez. Lyon: Lescuyer
- COTTINEAU, Laurent-Henri (1939). Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés. Vol. 2. Mâcon: Protat
- DELOMIER, Chantal (2011). Pommiers ?. L’Armorial de Guillaume Revel. Alpara
- DELOMIER, Chantal (2013). Les espaces monastiques et ecclésiaux à Pommiers-en-Forez (Loire). Architecture, décor, organisation de l'espace. Alpara
- REYNAUD, Jean-François; i altres (s.d.). Pommiers-en-Forez. Association culturelle de Pommiers
Le prieuré se situe à Pommiers-en-Forez, sur la route reliant Lyon à Clermont-Ferrand