Abbaye Saint-André de Lavaudieu
Prieuré de Lavaudieu / Comps / Cumis / Vallis Dei / Vau-Dieu
(Lavaudieu, Haute-Loire)
Le site de Comps, plus tard connu sous le nom de Lavaudieu, est mentionné dans les sources dès l’an 909. Vers 1050, l’église Saint-André de Comps fut donnée à l’abbaye de La Chaise-Dieu (Haute-Loire) par Raoul de Lugeac. À cette époque, Robert de Turlande (v. 1000-1067) menait l’entreprise fondatrice de La Chaise-Dieu, qui comprenait également l’établissement d’une communauté féminine, réalisée à Comps.
La fondation du monastère de Comps fut probablement formalisée entre 1052 et 1058, date à laquelle son existence est attestée de manière certaine. En 1074, Judith, fille des comtes d’Auvergne, y fit profession, ce qui favorisa l’arrivée d’importantes donations qui consolidèrent le prieuré et assurèrent sa prospérité. Dans les années suivantes, les donations se poursuivirent, permettant au monastère d’administrer d’autres églises et même de fonder plusieurs prieurés dépendants. Le monastère de Santa Maria di Rocca delle Donne (Camino, Piémont) lui fut également soumis pour un temps.
Après cette période de prospérité, seulement interrompue par quelques conflits avec La Chaise-Dieu au dernier quart du XIIIᵉ siècle, le XIVᵉ siècle apporta une forte instabilité, due à la peste et à la guerre de Cent Ans, qui entraînèrent un certain déclin. En 1344, le pape Clément VI fixa le nombre de religieuses à 80, au lieu des 140 admises jusque-là. Au XVe siècle, la communauté traversa une période de relâchement, qui nécessita même des interventions extérieures pour rétablir l’ordre. En 1487, le monastère changea officiellement son nom de Comps pour celui de Vallis Dei (Lavaudieu).
La dernière prieure régulière fut Antonia Le Loup (1493-1518). Par la suite, le monastère fut dirigé par des prieures commendataires, désignées de l’extérieur. Au XVIᵉ siècle, il souffrit des effets des guerres de Religion et, durant un temps, la communauté dut quitter temporairement le monastère. À cette époque, on constata également une certaine dégradation de la régularité. En 1718, la maison fut érigée en abbaye, mais ses dernières années furent marquées par la décadence, jusqu’à ce qu’en 1791 les religieuses soient contraintes d’abandonner le lieu à cause de la Révolution. L’abbaye fut vendue et ses archives disparurent.
Malgré ces vicissitudes, un remarquable ensemble de bâtiments de l’ancien prieuré, devenu abbaye, s’est conservé. L’église, d’origine romane et à nef unique, fut agrandie à l’époque gothique par une nef latérale au nord. Elle possède un transept ouvrant sur le chevet, avec une abside centrale en hémicycle et deux absidioles donnant sur les bras, invisibles de l’extérieur, celle du sud étant très remaniée. Elle conserve une belle série de chapiteaux et un vaste ensemble de peintures murales des XIIIᵉ-XIVᵉ siècles, d’un intérêt iconographique notable et dans un état de conservation inégal.
Au-dessus de l’église s’élève un clocher octogonal, aujourd’hui tronqué. Au sud se trouve le cloître rectangulaire, à deux niveaux, dont le rez-de-chaussée est purement roman, avec une remarquable série de chapiteaux, malgré certaines pertes. Au nord-est se situe la salle capitulaire, actuellement sacristie, et au sud le réfectoire, de dimensions proches de la nef de l’église, qui conserve encore une partie de sa décoration murale sur le mur occidental, dominée par la figure du Christ entouré du tétramorphe.
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