L'abbaye augustinienne de Notre-Dame de Fontaine-le-Comte fut fondée par Guillaume VIII (†1137), comte de Poitiers et duc d’Aquitaine (Guillaume X), à une date indéterminée entre 1127 et 1137. À cette occasion, Guillaume donna le site de Fontaine-le-Comte à Geoffroy de Louroux (†1158) et à ses compagnons, afin qu’ils y établissent une église et s’y installent en communauté, tout en les dotant de biens et de privilèges.
Ce même comte Guillaume fonda également, avec Geoffroy, la communauté de Sablonceaux (Charente-Maritime). Bien qu’elles aient partagé la même période de fondation et le même premier abbé, les deux maisons suivirent ensuite des trajectoires indépendantes. Geoffroy participa à la fondation d’autres monastères et entretint des relations avec plusieurs figures importantes du monde monastique, telles que Bernard de Clairvaux, qui l’incita à quitter la vie érémitique, Pierre le Vénérable, abbé de Cluny (Saône-et-Loire), ou encore Suger, abbé de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). En 1135, il fut nommé évêque de Bordeaux.
En 1199, l’abbaye bénédictine de Saint-Jean d’Orbestier (Vendée) passa sous la dépendance de Fontaine-le-Comte et adopta également la règle de saint Augustin. Au cours du XIIIe siècle, la maison connut une période de prospérité, et le pape Clément V confirma ses biens par une bulle en 1307. Plus tard, elle souffrit des conséquences de la guerre de Cent Ans : en 1363, on reconstruisait les lieux après leur incendie survenu au milieu du siècle, afin d’éviter qu’ils ne soient fortifiés par les Anglais.
Après les guerres de Religion, au XVIe siècle, l’abbaye se trouvait dans un état avancé de déclin et en grand danger de ruine. En 1654, elle rejoignit la congrégation de Sainte-Geneviève, ce qui lui redonna un certain élan, sans toutefois empêcher sa fusion, en 1756, avec la communauté de Saint-Hilaire-de-la-Celle à Poitiers, en raison de la faiblesse des deux établissements. La Révolution mit définitivement fin à la vie communautaire en ce lieu.
Aujourd’hui, l’église — devenue paroissiale — est encore conservée, ainsi que quelques bâtiments annexes. L’église, de structure médiévale, est composée d’une nef unique avec transept. Le chevet se compose d’une grande abside centrale et de deux absides plus petites ouvertes sur les bras du transept. Le cloître et ses dépendances, autrefois situés au nord de l’église, ont disparu, mais quelques bâtiments secondaires subsistent, dont l’ancien palais abbatial.
- AUBERT, R. (1971). Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques. Vol. 17. París: Letouzey et Ané
- BEAUNIER, Dom (1910). Abbayes et prieurés de l'ancienne France. Vol. 3: Auch, Bordeaux. Abbaye de Ligugé
- BRUTAILS, Jean-Auguste (1922). Geoffroi du Louroux, archevêque de Bordeaux de 1136 à 1158, et ses constructions. Bibliothèque de l'École des Chartes, vol. 83
- RÉDET, M. (1838). Notice historique sur l'abbaye de Fontaine-le-Comte, près Poitiers. Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest. Poitiers / Paris: Fradet et Barbier / Derache
- SAINT-MAUR, Congregació de (1720). Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa. Vol. 2. París: Typographia Regia