Abbaye de Saint-Sauveur de Sarlat

Saint-Sacerdos de Sarlat / Cathédrale de Sarlat / Sarlatum

(Sarlat-la-Canéda, Dordogne)

Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat

Malgré les légendes tardives attribuant la fondation de l’abbaye de Saint-Sauveur de Sarlat à l’époque de Clovis Ier (481-511) et sa reconstruction à Charlemagne (768-814), ses origines restent incertaines. Il est généralement admis qu’elle aurait été fondée sous le règne de Pépin Ier d’Aquitaine (817-838) et restaurée en 886 par le roi carolingien Charles III le Gros (882-887).

Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat
Clocher

Parallèlement, un récit évoque la vie de saint Sacerdos (VIIe-VIIIe siècle), fondateur de l’abbaye de Calabre (Calviac) et évêque de Limoges. À sa mort, il fut enterré à Calabre et, lorsque ce monastère fut détruit par les Normands, les moines de Sarlat transférèrent son corps à Saint-Sauveur, où il fut vénéré. Au début du XIIe siècle, le monastère changea son ancienne dédicace pour celle de Saint-Sacerdos. À cet égard, il est possible que cette tradition ait été une construction destinée à rehausser le prestige de Sarlat et à affirmer son indépendance face aux prétentions de Cluny de le placer sous son autorité.

Le premier document fiable mentionnant le monastère date de 1094, dans un acte de donation. Au cours du XIIe siècle, il connut une période de prospérité en tant qu’abbaye indépendante, ce qui explique l’abondance plus importante de documents relatifs à cette époque. On sait que Bernard de Clairvaux passa par Sarlat en 1147 dans le cadre de sa campagne contre l’hérésie d’Henri de Lausanne. En 1153, le pape Eugène III plaça l’abbaye sous la protection de Rome et confirma ses biens et privilèges, confirmation ensuite ratifiée par Alexandre III en 1170.

Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat
Cloître
Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat

Par ailleurs, l’abbaye reçut également des reconnaissances et privilèges royaux de Philippe II Aguste (1181), Louis VI (1137) et Richard Cœur de Lion d’Angleterre, entre autres. Un événement exceptionnel marqua son histoire en 1273, lorsque l’abbé Arnaud de Stapone mourut en pleine célébration religieuse, blessé par une flèche, probablement tirée par un ou plusieurs moines. Ce crime ne fut jamais officiellement élucidé. Au XIIIe siècle, l’abbaye conserva son prestige et son indépendance et se trouvait au cœur d’une ville en plein essor.

En 1317, une bulle du pape Jean XXII divisa le diocèse de Périgueux en deux parties, créant celui de Sarlat. Son premier évêque fut Raymond de Roquecorn (1318-1324). Le chapitre cathédral fut initialement composé des mêmes moines bénédictins, un ordre régulier qui, au fil du temps, intégra des chanoines jusqu’à sa sécularisation en 1561. Quant au diocèse, il fut supprimé lors de la Révolution française et rattaché à celui d’Angoulême jusqu’à la restauration du diocèse de Périgueux.

Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat

L’un des premiers objectifs des évêques fut d’adapter le monastère aux besoins du diocèse, en tenant compte du fait que les anciennes dépendances bénédictines souffraient des effets du temps. La construction de la nouvelle cathédrale ne fut véritablement lancée qu’en 1504, mais les travaux connurent plusieurs interruptions, notamment pendant les guerres de Religion. En 1574, la cathédrale fut attaquée et, en 1587, elle subit les conséquences du siège de Sarlat. Au XVIIIe siècle, les travaux étaient encore en cours pour achever la construction.

La pratique quasi totale des constructions conservées appartient à l’époque épiscopale, avec très peu d’éléments de l’ancien monastère médiéval subsistant. Parmi ceux-ci, le clocher se distingue, situé au-dessus de l’atrium sur la façade occidentale de l’église. Il s’agit d’une construction essentiellement romane, surélevée au XVIIe siècle, qui conserve encore des éléments de son ancienne décoration sculptée. Le cloître a presque entièrement disparu, seuls la façade de la salle capitulaire et quelques tombeaux subsistent. À côté, la chapelle médiévale de Saint-Benoît est toujours présente. On conserve également la Lanterne des Morts, une construction funéraire singulière de plan circulaire, qui daterait de la seconde moitié du XIIe siècle.

Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat
À gauche, la chapelle Saint-Benoît
Cathédrale de Sarlat
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La Lanterne des Morts
Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat
Tombeau d'Anne Dautrery
Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat
Illustration tirée de La Guienne historique et monumentale (1842)
Cathédrale de Sarlat
Cathédrale de Sarlat
Sceau de l'abbaye (XIIIe siècle)
Illustration tirée de Les chroniques de Jean Tarde

Bibliographie:
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  • BÉNÉJEAM-LÈRE, Mireille (1999). Sarlat, la cathédrale Saint-Sacerdos. Congrès archéologique de France. 156e session. Périgord. Paris, Société archéologique de France
  • BESSE, J.-M. (1910). Abbayes et prieurés de l'ancienne France. Vol. 3: Provinces ecclésiastiques d'Auch et de Bordeaux. Abbaye de Ligugé
  • CARLES, Alcide (1883). Les titulaires et les patrons du diocèse de Périgueux et Sarlat. Périgueux: Cassard
  • DESHOULIÈRES, François (1928). Sarlat. Congrès archéologique de France. 90e session. Périgueux. Paris: Société française d'archéologie
  • DUCOURNEAU, Alexandre (1844). La Guienne historique et monumentale. Bordeaux: Coudert
  • JOUANEL, André (1957). Sarlat. Le clocher de la cathédrale. Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, vol. 84-3
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  • MARMIER, G. (1884). Le chartier du monastère de Sarlat. Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, vol. 11
  • MAUBOURGUET, Jean (1926). Le Périgord méridional, des origines à l'an 1370 : étude d'histoire politique et religieuse. Cahors: Coueslant
  • MAUBOURGUET, Jean (1930, 1955). Sarlat et le Périgord méridional, vol. II-III. París/Périgueux
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  • PERGOT, Auguste-B. (1865). La vie de saint Sacerdos : évêque de Limoges et patron de l'ancien diocèse de Sarlat. Périgueux: Lenteigne et Bounet
  • SAINT-MAUR, Congregació de (1720). Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa. Vol. 2. París: Typographia Regia
  • SECRET, Jean (1968). Périgord roman. La nuit des temps, núm. 27. Zodiaque
  • SECRET, Jean (1982). La chapelle Saint-Benoît de Sarlat. Congrès archéologique de France. 137e session. Périgord Noir. París, Société Française d'Archéologie
  • SECRET, Jean (1982). La lanterne des morts de Sarlat. Congrès archéologique de France. 137e session. Périgord Noir. París, Société Française d'Archéologie
  • TARDE, Jean (1887). Les chroniques de Jean Tarde, chanoine théologal et vicaire général de Sarlat... París: H. Oudin

Emplacement:
Vista aèria

Sarlat-la-Canéda est située au sud-est de Périgueux et à l’ouest de Souillac